Bizarre, cette nuit Caramel n’est pas venu dormir dans la barbe du Capitaine. Il n’a pas pris le petit-déjeuner avec nous… C’est une matinée particulière, nos amis doivent prendre leur avion en début d’après-midi pour retourner en Suisse. Comme les conditions sont au beau fixe, nous n’avons pas passé la nuit au mouillage à Ajaccio mais à 4 milles marin de là dans l’anse de Sainte-Barbe. Après une petite baignade matinale nous levons l’ancre dans la hâte pour Ajaccio. Les valises finissent de se préparer.Lors du déchargement des bagages au quai à fuel, une paire de lunettes passe par-dessus bord. Bref, même si rien ne presse, c’est toujours un peu le stress.
Une fois tous les quatre et le calme revenu, nous nous rendons compte que nous sommes effectivement tous les quatre et non tous les cinq ! Après un coup de téléphone aux amis et avoir cherché partout en secouant les croquettes, nous ne pouvons que constater que : personne n’a vu le chat depuis hier soir, qu’il n’est ni sur le bateau ni dans les bagages à l’aéroport. Nous faisons des courses rapidement, repartons pour Sainte-Barbe et ancrons à 200m de la plage, là où nous étions le matin même. Il y a beaucoup de monde sur la plage et décidons d’y faire un tour ce soir avant le coucher du soleil, mais sans grande conviction et préparons les filles à la quasi certitude de repartir sans Caramel…
Il est 19 heures, les baigneurs sont partis. Frédérique et les filles partent à la recherche de Caramel. Elles traversent toute la plage pour aller s’informer à la paillote tout au bout. Ils n’ont rien vu. Au retour elles appellent le chat. Au troisième appel, celui-ci débarque ventre à terre des fourrés. Il a dû tomber durant la nuit et n’a pas réussi à remonter à bord. Il a alors nagé 200 mètres pour regagner le rivage et s’est terré tout la journée… Sacré chat !
Cette aventure est à peine passée que la météo annonce des conditions favorables pour parcourir les 500 km qui nous séparent des îles Baléares. En effet, un petit coup de Mistral est prévu pour dans 2 jours. Nous quittons donc Ajaccio pour nous mettre en « attente » à l’extrémité Sud-Ouest du golfe. Durant cette navigation, nous sentons une odeur de dilutif (style « White Spirit »). On cherche vaguement mais rien. Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, nous déroulons les voiles et partons vers l’Ouest avec un vent léger et une mer plate. Les conditions de la première journée sont idéales. La nuit venue, le vent monte et la mer s’agite. Comme des vagues passent sur l’avant du bateau, tout est hermétiquement fermé. L’odeur de "White Spirit" devient vite insupportable et nous ne pouvons plus nous reposer dans la cabine. Nous sommes donc les deux dehors: un se repose couché sur un banc du cockpit pendant que l’autre veille bien qu’il n’y ait pas grand-chose à veiller. Le jour se lève. La mer est grosse avec des vagues de 4 mètres. Le vent souffle bien plus fort que prévu, mais le bateau taille sa route à plus de 8 nœuds sous trinquette et grand-voile partiellement déroulée. Mais chaque aller dans le bateau nous donne la nausée qui se termine généralement par un don en nature aux poissons.
« Fred, vite ! La passerelle se fait la malle ! » Nous la rattrapons in extrémis et la rattachons solidement. Durant la manœuvre, assis sur le passe-avant, des vagues entières nous passent dessus et nous avons de l’eau jusqu’à la taille, heureusement elle a plus de 27°C. On a presque l’impression d’être à Aqualand.
Une heure plus tard, c’est Frédérique qui sort du bateau, blanche comme l’écume de la mer et dit « Le bateau est plein d’eau, il y en a jusqu’au plancher ! ».
Ca, c’est nettement moins drôle. En effet du coté où le voilier gîte, l’eau arrive au niveau des planchers qui sont plus de 50 cm au dessus du fond. Ce n’est pas quelques centaines de litres, mais quelques milliers que nous avons embarqués.
On enclenche les pompes de cale et nous partons à la recherche de l’origine de cette inondation. Celle-ci est vite trouvée, l’eau arrive par la baie à mouillage. A chaque vague quelques dizaines de litres entrent dedans. Jusque là tout est normal. Mais les trous prévus pour vider celle-ci se sont bouchés. Le niveau est monté et l’eau a commencé à se déverser dans le bateau via le passage des câbles électrique du guindeau…
Benoît s’offre un nouveau tour à Aqualand pour déboucher les trous, la tête dans la baie à mouillage tout à l’avant du bateau. Pendant ce temps, Frédérique essaie de vider le bateau au seau tout en faisant du patinage artistique à l’intérieur qui devenu glissant avec le diesel. Car l’odeur de « white Spirit » venait en fait d’une fuite de diesel au niveau du réservoir.
Ça brasse fort, même si la photo ne le rend pas !
Bientôt, le niveau baisse et nous laissons les pompes électriques finir le travail. Heureusement, la cabine des filles est épargnée par l’odeur. C’est la seule où nous pouvons ouvrir les hulots sans que les vagues ne rentrent à l'intérieur. Valentine passera la journée dans son lit à écouter des CD. Ce sera la seule qui ne sera pas malade. Juliette restera avec nous dans le cockpit, somnolente à cause du mal de mer. Les filles aurons été fantastiques durant cette traversée.
A 2 heures du matin, après 40 heures d'une navigation un brin épuisante, nous jetons l’ancre dans l’eau tranquille de la baie de Fornells et sombrons dans un profond sommeil entourés d’un capharnaüm nauséabond.
Un bon repas chaud bien au calme à 2h00 du mat !
On mettra près d’une semaine pour venir à bout du désordre engendré par la traversée. Il nous faudra vider tous les coffres bâbord car l’eau salée mazoutée y est remontée sur plus d’un mètre, puis tout laver avant de ranger ! 8 sacs poubelles plein quitteront le bord : objets irrécupérables !
Tout est sorti des coffres
Nettoyage à grande eau des fonds
Une vingtaine de beaux livres, style encyclopédie, pour les filles auront bien pris l’eau, mais on arrivera plutôt bien à les faire sécher page après page. Seule la machine à laver le linge aura pris un sérieux coup.
Séchage de livres
Caramel, toujours d’une grande aide dans l’adversité.
Fin d’après-midi paisible à Fornells
L’ordre étant revenu à bord, nous quittons cette très jolie et tranquille baie pour contourner l’île de Minorque par l’Est et le Sud et partir sur l’île de Majorque.
Valentine en apnée dans une calanque où l’eau est transparente.
Calanque typique de Minorque
Ballade en roller à Puerto Pollensa sur Majorque
Vieux gréement compatriote
Promenade dans un ancien train à Perto Soller.